Comment peut-on compter les battements de ton coeur ?
En buvant à la source de mes larmes, l’émotion brute qui ébranle le coeur des hommes.
Comment peut-on dessiner un sentiment nouveau sur le sable d'une dune ?
En lançant mon corps et le tien dans la course, perdue d’avance, du temps, de l’amour et des lettres fanées.
Comment la nuit a-t-elle pu créer le nom de chaque plaisir ?
En préférant le verbe tendre aux gestes amers et la caresse aux chants des écorchés.
Comment le rythme des saisons a-t-il dessine l'extrême et l'infini ?
En murmurant toujours à ton oreille ces paroles que tu n’oublieras pas.
Comment l'éclat d'un regard ou d'un sourire peut-il faire chavirer la foudre et le tonnerre
? En jouant les ingénues sur le Chemin des Dames…tout en ignorant les soldats.
Les "Parce que" de Melle Winola aux "Pourquoi" de M. Duc
Pourquoi la cime des arbres a-t-elle, la nuit, la forme d'un sein nu ?
Parce qu’il faut bien que le monde fasse son intrigant de temps à autre et nous laisse sans réponse à ses mystères.
Pourquoi le sable n'efface-t-il que les pas de ceux qui s'enlacent ?
Parce qu’il y a tant de secrets gardés aux chauds dans ton grand chapeau de magicien, d’illusionniste des mots et des idées…
Pourquoi la vie choisit-elle toujours l'instant d'un sourire pour nous faire renaître ?
Parce que le battement d’ailes d’un papillon peut faire trembler la terre à l’autre bout du monde mais ne fera jamais flancher la tour que tu ériges
en mon honneur.
Pourquoi la flamme des bougies vacille-t-elle lorsque nos regards se croisent ?
Parce qu’il s’agit d’une éclipse et qu’alors, les astres font l’amour sous nos regards curieux
Pourquoi la vraie beauté a-t-elle toujours un goût de mangue fraîche ? Parce que s’il en était autrement, jamais nous n’aurions su que l’homme pouvait peindre, souffrir, aimer et dormir.
Les "Parce que" deM.Ducaux "Pourquoi" deMelle Winola
Pourquoi les trous noirs sont-ils troublants, monsieur le troubadour ?
Parce qu'il ne faut jamais dire deux fois le même prénom.
Pourquoi le champagne fait-il des bulles entre mes lèvres alors que le lait n’en fait pas ?
Parce que les pluies d'étoiles sont les seules a pénétrer l'ombre des corps.
Pourquoi mon auréole craque-t-elle sous la dent d’un ogre de passage ?
Parce que la chanson des rêves a la mélodie des rêves.
Pourquoi les jeux de mains sont-ils toujours jeux de vilains ? Et pourquoi, donc, maman dit-elle que je n’ai pas le droit de mettre mes doigts
partout où ça me plairait ?
Parce qu'une caresse profonde dit plus du monde qu'une civilisation entière.
Pourquoi faut-il toujours que la nuit s’évapore au petit jour, que le soleil révèle les amours innocentes qui naissaient en secret dans le noir
profond des silences nocturnes ?
Parce qu'il faut sept baisers pour comprendre la puissance d'un frisson.
Les mots sont des baisers aussi doux qu'une lèvre
Je les sens me frôler quand je les lis ici
Chaque lettre me dit dans un souffle adouci
L'écho d'une passion, la torpeur d'une fièvre. Ta langue les cisèle avec l'art d'une orfèvre
Envoûtante : j'entends dans leur brâme éclairci
Ta lumière et l'espoir que jamais celle-ci
Ne cesse de brûler, ne Te quitte ou me sèvre. Notre boudoir résonne du jeu de Nos sons
Un désir, une envie, un délire, un frisson
Y trouvent un palais capiteux et intime ; Dans le gouffre des sens, qu'une ronde sans fin
Par l'ivresse des mots en feu qui s'y exprime
Nous emporte d'un air lascif et libertin.